Ecrire pour rien,
Toujours...
Alors qu'il n'y avait plus d'histoires,
plus de fables ni de contes, il continuait à écrire.
__________première image : sont les yeux
__________écrire c'est tourner l'il à l'intérieur
Il y aurait encore des lecteurs.
Il écrivait sans savoir où ça le menait.
Il ne racontait rien, ça ne lui disait rien.
Des lecteurs verraient bien.
Il paraît bien aussi,
que la seule chose qui compte
aux yeux des autres
c'est bien la place où l'on se situe...
__________statue.
Peu importe ce que l'on fait, l'important
n'est que dans la façon de se positionner
le contenu n'est vu qu'après,
et non pas regardé,
s'il est vu !
Il se répétait souvent...
il n'avait rien d'autre à raconter?
_________Redondance
____________mot rond avec deux
_________d qui dansent
_______ca/danse,
_________chants de mots
______________ronde
Il n'en savait rien.
Il écrivait pour rien,
pas même pour écrire.
Surtout pas pour écrire,
Il n'écrivait pas, d'ailleurs :
il pensait
et les mots se formaient de l'eau
qui débordait de sa tête à ses doigts
mouillait son corps et ses jambes et ses pieds
finissant en petites flaques que la terre buvait,
gloutonne...
Il perdait son temps,
écrire c'était prendre du temps au travail
________le temps est-il à prendre
________ou le temps est-il à donner ?
Il trempait sa plume dans la rosée et
écrivait à la machine de traitement de texte.
Ça ne coulait pas de source, il faisait chaud
et l'eau était claire. Il aimait écrire ainsi même si
c'était assez pénible. Le tout était de se jeter à l'eau et de
prendre son envol. C'était un canard vilain et pauvre.
Il était arrivé là, un jour de décembre avec un sac au dos,
plume noire et col vert
L'air de rien, même pas d'un canard...
Comment voudriez vous donc, que l'on s'y reconnaisse
si les canards eux-mêmes ne se ressemblent plus ?
Il y a, voyez vous, des étiquettes
à respecter
Il faut bien des repères...
Théâtre, coulisses, plateau
tout le monde a sa place
et son territoire
les acteurs doivent jouer
le peintre doit exposer
l'écrivain doit être édité
un artiste est un artiste
n'est ce pas ?
et un canard doit paraître canard
sinon comment le chasseur pourra-t-il
le tuer ?
Les corbeaux dénonçaient alentour l'étrange musique
qui sortait de son bec.
Il sifflait
.
______________la musique était douce
______________ et parfois même, pour mieux l'entendre
______________les grenouilles se taisaient ...
Alors qu'il n'y avait plus d'espace,
plus de temps ni d'avenir,
il continuait à écrire.
Il y aurait encore des lecteurs
Le diable emporte le pluriel !
Cela n'est à considérer que si l'on fait des ventes
ou des sondages d'opinion...
Un lecteur seul suffit à contenir un livre
un seul livre et un seul lecteur.
Il écrivait sans vouloir le livre.
Il ne racontait pas d'histoires,
il en avait lu de merveilleuses.
_________les histoires ne peuvent pas se raconter
_________elles s'inventent
_________au fur et à chaque mesure
Des lecteurs lisaient.
C'étaient lecteurs du même peuple
peuple canard non reconnu
C'était là des lecteurs vivants,
ceux qui vivent les livres...
Il se répétait souvent qu'il n'avait rien
d'autre à raconter que son écriture.
Il ne savait rien du destin des traces.
___________le destin se trace tout seul...
Il écrivait pour n'en pas laisser,
il ne savait pas que tout laisse trace
même à vouloir oublier, jeter à la poubelle
rien jamais ne peut s'effacer...
Il écrivait alors juste pour correspondre
avec le lecteur de son coeur.
Il perdait son heure, écrire c'était prendre du temps
Et il aimait ce temps pris à écrire
d'heure en heure
et au pas lent des animaux qui marchent
sans but précis, pour aller...
Un patron à la page l'avait il y a quelques temps payé pour quelques lignes.
Point à la. Il était content. Il allait s'acheter de quoi se payer un
traitement de texte dernier cri.
___________le dernier cri
___________la première parole...
Il manquait de hurlements et les billets d'euros étaient, mine de rien, rares.
Et rare,
on s'y perd,
parfois, sans y penser, au détour d'un sentier
parfois, on en trouve un,
qui voulait se cacher,
un qu'on n'attendait pas..
il faut croire la chance, ne pas chercher à l'attraper
mais surtout la saisir
au re-vers, sans broncher
ni se détourner de sa route..
la route est importante à ne pas dévier...
Son murmure s'entendait à peine, souvent
_________ murmure : voix de gorge
Il trempait ses mains dans la boue et écrivait face à l'écrin.
Non, ce n'était pas cool d'écrire, c'était pour lui, chaud.
Il écrivait amoureux et heureux, même si c'était pénible.
Le tout était de tout abandonner face à la page et de
comprendre ce qui se passait là à cet instant d'écriture.
Parfois il ne comprenait plus
continuant quand même,
malgré
il faut dire l'instant qui ne fait que passer
et le dire pour soi, c'est déjà quelque chose
L'écho est parfois loin
ou occupé ailleurs
et ailleurs n'entends pas
ou du moins laisse entendre...
il faut laisser le temps au temps
et qu'importe
les importances..
Il envoyait des lettres.
Il connaissait des écrivains reclus.
Ils correspondaient ensemble.
Pour rien
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